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Photo du rédacteurEliana G.

Zoom sur Beyrouth

Dernière mise à jour : 5 août 2020


Lire en musique : Elias Rahbani











 

Mon chez moi a toujours été partagé entre Beyrouth et Athènes : l'un m'a vu naitre, l'autre m'a vu grandir; avec l'un j'ai vécu la guerre, les angoisses, la peur du lendemain, avec l'autre je retrouvais un refuge de paix, une enfance et une adolescence insouciante. Pourtant, dans les deux pays, il y a eu des lieux où se sont mêlés joies et apprentissages, découvertes, attaches et détachements aussi. Entre Beyrouth et Athènes mon coeur balance; mes racines partagées, j'ai longtemps essayé de déterminer ma vraie identité : libanaise d'origine grecque ou grecque d'origine libanaise ?


Finalement, peu importe, des deux pays je n'ai gardé que le meilleur.


Beyrouth, tu m'as appris la persévérance, tu m'as dotée d'une force et d'une volonté de vivre incroyable, tu m'as appris à vivre au jour le jour et à m’adapter à tous les accidents de parcours; tu m'as appris que rien ne dure et combien il est important de se sentir vivant, tant qu’on en a la possibilité; tu m'as appris à me relever à chaque fois que la vie me portait un coup dur; tu m'as appris la valeur des choses, la valeur de la vie et sa générosité.

Athènes où j'ai vécu mon enfance et adolescence, ces années qui forgent la personnalité, tu m'as offert le soleil qu'un enfant de mon âge avait tant besoin; tu m'as offert la chaleur et la joie de vivre d'une civilisation qui aime manger, boire et danser pour un rien jusqu'au lever du soleil; tu m'as appris à aimer les couchers de soleil toujours prometteurs d'un lendemain plein d'espoir.

Beyrouth et Athènes vous m'avez toutes les deux offert en héritage les plus belles valeurs de la vie et de la famille.


En attendant de retourner en Grèce, zoom sur un retour timide vers Beyrouth...


Beyrouth est toujours aussi accueillante. Beyrouth visuelle, Beyrouth sonore, Beyrouth gustative, elle touche tous nos sens. De son ciel inlassablement bleu on découvre à travers les rues une palette de couleurs allant du jaune or à l’ocre lumineux mettant en valeur sa splendeur unique.




 




C'est aussi une ville qui ne laissent personne indifférent, où résonnent dans le même temps les cloches des églises, le chant du muezzin, et les éternels klaxons des voitures; totalement vivante et chaotique. En fait, le klaxon est une thérapie de groupe! Sans lui il est presque impossible de se frayer un chemin, c'est comme si à chaque coup de klaxon on exprime et impose notre individualité.







Être à table est en soi toute une culture avec les plats parfumés, les mézés, le taboulé, le hummus, le méchoui, l'arak, le knéfé, le café, etc. La cuisine est surtout un art de vivre, une histoire de partage qui rassemble la famille et les amis autour d'une table des plus riches au monde.






De ville martyrisée pendant des années, Beyrouth oublie ses plaies et ouvre ses bras à ses émigrés qui la redécouvrent chaque fois comme si c'était la première fois.


Le retour dans son pays d'origine est quelque chose que l'on redoute. On ne sait pas ce qui nous attend, à quel point le pays a pu changer, revoir les gens qui ont marqué notre vie et auxquels on s’attache encore plus profondément sachant que l'on va les quitter à nouveau prochainement. On replonge dans nos émotions, on pleure, on rit aux éclats, on n'arrête pas de parler, de se raconter en détails le temps qui s'est écoulé.


Après 14 ans d'absence, me voilà dans les rues de Beyrouth à revisiter un passé que je croyais à jamais enfuit dans mes souvenirs. Quand on va à Beyrouth, on marche côte à côte avec le passé, celui-ci nous sert de guide. On regarde le bon vieux temps défiler à travers les monuments et les bâtiments, dont les souffrances d'antan sont masqués par toutes les restaurations. Pourtant la mémoire, elle, n'a subi aucune restauration, elle sort de son hibernation et retourne vers une époque que l'on pense avoir oubliée, mais qui se veut présente à jamais.


J'ai marché dans les vieilles rues du centre-ville, j'ai visité mon ancien quartier, la maison o ù j'ai grandi, les rues que j'ai foulées pendant de nombreuses années et qui me menaient à l'université ou chez mes amis. Je ne raconterai pas les années de guerre passées dans ces rues, car ce témoignage se veut positif et rempli d'espoir; l'espoir que Beyrouth redeviendra un jour la petite suisse de l'Orient, comme l'a toujours rêvé et souhaité mon père.


 

Dans cette ruelle j'ai grandi, au premier étage de cet immeuble bleu. A gauche la salle à manger, à droite la chambre de mes parents et au milieu le salon.


Le nom de tous nos voisins me sont revenus en mémoire : les Chami, les Mondy, les Touma; photo de gauche la cuisine ou maman passait ses journées à nous préparer de bons plats. L'odeur nous accueillait du coin de la rue; en rentrant de l'école, avec mon frère on essayait toujours de deviner ce  qu'il y avait au repas de midi, nous courions aux escaliers affamés de savoir qui avait deviné juste. A droite, la chambre que j'ai longtemps partagée avec ma soeur et mon frère : des moments de complicité, de chicanes, des heures à se raconter des secrets, à parler de la vie, de nos peurs, de nos rêves, de nos espoirs, et même les heures interminables à écouter mon frère me parler de sa future épouse! Si seulement les murs pouvaient en témoigner!


"Le moment présent est vite passé, c'est le souvenir qui dure."


 

Je continue ma promenade et je laisse ma caméra libre de prendre les photos des bâtiments, des objets et autres choses façonnés par l’homme. Il y a beaucoup d'endroits qui m’inspirent, mais c'est surtout les portes et les fenêtres. Cela m'intrigue. Les couleurs, le temps qui passe et qui laisse sa trace sur certaines fenêtres ou portes dégage quelque chose de mystérieux, d'intime. Parfois même elles racontent une histoire qui nous incite à vouloir connaitre ce qui s’y passe derrière, elles laissent l'empreinte de quelque chose du passé ou de l’histoire. Chaque porte, chaque fenêtre est unique.



 

Gemmayzé est un quartier rempli de vieilles maisons traditionnelles dotées d'un charme fou. On y trouve des immeubles anciens, certains retapés, d'autres qui recèlent encore les traces de la guerre; on marche à travers des ruelles étroites ombragées et de vieilles maisons aux tuiles rouges entourées de jardins. Pour y arriver, j'empreinte les escaliers Saint-Nicolas, situé la rue Gouraud. Jadis, à l'ère Ottomane, cet escalier servait de passage pour les chevaux puis les voitures. Ce n'est qu'en 1960, qu'on y construisit deux cent cinquante marches et aujourd'hui, il est devenu un lieu social, culturel et touristique à part entière abritant festivals, expositions et foires.




 

La circulation à Beyrouth peut s’avérer monstrueuse, mais cela n'empêche pas d'aller visiter Notre Dame du Liban - Harissa - pour admirer la statue de la Vierge Marie, visible à des kilomètres. La beauté et la sérénité du site manifeste symboliquement la magnificence et la sainteté de la Vierge Marie, Dame du Liban et possède de superbes vues panoramiques sur la baie de Jounieh sur la côte méditerranéenne.




 

Ne jamais quitter le pays sans découvrir Byblos, son port historique, et la vieille ville pleine de charme.



La petite maison du bout du monde, ma préférée. Entourée de ruines et de vieilles pierres millénaires, faisant face à la mer et sous un ciel bleu, elle est comme sortie d’une autre époque, si intrigante mais oh combien attachante. Livrée à l’abandon, presque isolée du reste du site, elle affiche une façade fatiguée, des fenêtres cassées, des portes de bois en piteux état. Elle s'élève là, nostalgique, humble et sereine, gardienne de l'histoire des différentes vies qui, un jour, l'ont habitée.


Promenade dans les ruelles agréables de la vieille ville de Jbeil...



Le port de Byblos, toute une histoire…